Marie-Claude Lemire

Je me suis consacrée au métier de graphiste illustratrice et directrice artistique pendant plus de 20 ans. Ces années de création à l’ordinateur m’ont fortement imprégnée. Pourtant le monde virtuel ne me convient pas : la possibilité de toujours réparer l’erreur rend le geste moins exaltant. Je fais maintenant appel à l’extraordinaire pouvoir du hasard dans ces observations qui semblent insignifiantes au premier abord mais qui déclenchent le premier geste créateur.

Préoccupée par l’accumulation incessante d’objets et de matière que nous impose notre société de grande consommation, j’utilise souvent comme support, comme médium ou comme amorce à l’exploration ce qui se retrouverait au rebut. Cette utilisation de matériaux peu nobles me permet une plus grande accessibilité à la création. Mon art se rapproche de l’art brut où le support a peu d’importance par rapport à l’énergie du geste, à l’aspect libérateur de créer sans contrainte. J’entasse dans mon atelier toute sorte de papiers et d’objets qui ont une signification symbolique ou esthétique qui me servent de point de départ. Les débris d’une grève me servent d’inspiration; des personnages surgissent d’un papier journal; un bout de plastique me rappelle mon enfance. La plupart de mes œuvres débutent par l’observation d’objets banals, parcelles de mon environnement. Des masses de couleur abstraites précèdent une ligne qui rend à l’image sa pleine signification.

L’humain demeure ma principale préoccupation et mes personnages naviguent entre l’abstrait et le figuratif. Leur côté mal défi ni traduit l’inconfort d’une grande charge émotionnelle.