Susanne Tanguay

Ma démarche se résumerait à : je peins pour rester en vie!

La créativité a toujours eu une place importante dans mon quotidien. Je suis tombée dedans en naissant. Étendre du linge sur une corde devient un jeu de forme, de couleur, de texture. Une brassée de bas pour une famille de six personnes me semble une gagne de personnes en recherche de l’âme sœur. Puis ce quotidien ne suffit plus à faire de chaque geste une célébration de tous mes sens.

La peinture au départ s’est présentée comme une activité, une sortie, une façon de mettre sur papier… C’est vite devenu une rencontre avec ma face la plus intime de moi. Maintenant ce geste de peindre est viscéral, m’habite, me fait cheminer, m’ouvre sur le monde. Ma façon d’aborder la page blanche est restée, au cours des années, sensiblement la même; à partir d’une tache, d’une couleur, d’un geste, créer une impression, une surprise, une émotion, qui s’animent tout au long du processus ; c'est une sorte de dialogue avec la surface. Ce processus est plus important que le résultat. Ma démarche artistique s’articule dans une approche onirique et ludique.

Une de mes premières préoccupations: est l’être humain dans tout ce qui fait de lui une créature unique et spécifique; l’Homme dans sa présence, avec ses influences et ses émotions. Puis vient sa rencontre avec l’autre : La Ville, celle qui fait que nous sommes des êtres de relation. Ce qui s’entasse dans ma mémoire au fil de mes promenades, de mes rencontres , la peinture les laisse surgir. Ce sont des bribes de mémoire qui s'invitent dans mon dialogue avec la toile. Ces inscriptions qui habitent mon esprit s’expriment avec le médium l’acrylique sur différents supports à l’aide de pinceaux, rouleaux, spatules et autres trouvailles qui me permettent d’explorer couleurs et textures. Ces images apparaissent d'elles-mêmes, nourries par des contrastes de couleurs où cohabitent la lumière et l’émotion.

L’Homme

L’humain dans l’urbain s’est imposée de lui-même, c’était le lien entre toutes ces images que je créées. l’Homme isolé, seul dans la multitude avec son regard sur les événements sociaux, communautaires, la vie urbaine. j’y retrouve la mémoire collective : l’Homme dans la société, la mémoire intime et son apport comme individu à la communauté. L’adapatation de l’homme au passage du temps avec ce qui rest de l’éphémère des relations, des choses, des événement versus les relations qui demeurent… La peinture répond à mes questions. Elle me présente à vous , là où je suis, ma peinture est un trémoignage et un regard macro de l’Homme dans sa ville. Mon travail se veut un dialogue entre l'individu et la ville sur le thème de notre mémoire intime et collective. Ma démarche artistique quant à elle s’articule dans une approche onirique et ludique

La Ville

La ville que l’homme habite, est vivante et marquée par le temps. l’homme doit se définir dans cette mouvance. Tout y est rapide, vite passé, où l’inscription du temps finit toujours par apparaître. Les textures laissées comme une signature du temps et la démolition pour faire place à de nouveaux cycles; deviennent les dimensions de l’inspiration qui se révèlent dans l’intimité de l’Homme. Au travers mes différentes interprétations de notre urbanité, la ville nous questionne; marquée par le passage du temps, elle s’anime et devient l’éco de nos préoccupations.

Le Temps

Le temps qui passe nous laisse des bribes de mémoire. L’Homme, en pleine crise d’identité, s’inscrit dans la ville et s’approprie cette dernière. Cet Homme inquiet, souffrant d’insécurité, nous laisse un questionnement sous forme de graffitis qui laissent une sorte d’épigraphe éphémère des temps modernes.

Ces images vous appartiennent maintenant. Laissez vous émouvoir, toucher, c'est une pose que je vous offre. Elle vous en apprendront peut-être un peu plus sur l’humain que vous êtes. Par besoin d’appropriation, de revendication, d’affirmation, des individus stigmatisent la ville de graffitis, Ces épigraphes temporaires composeront mon lexique.

Lundi, 17h, coin Saint-Hubert et Sainte-Catherine, mon regard se promène. Je respire, le tableau est parfait; les contrastes, la lumière, la couleur, les formes, l’émotion, la température, la belle lumière d’ortobre, tout y est, tous ce qui insirera le travail au retour dans l'atelier.